David Fèvre, artisan militant, porte-parole de la détresse des boulangers
Après avoir publié un sondage sur les réseaux sociaux et recueilli le témoignage de plus de 3 000 artisans souvent en difficulté, le boulanger David Fèvre est devenu en quelques semaines le visage des défenseurs de la profession. Au point d'obtenir un entretien avec la ministre déléguée chargée du commerce et de l’artisanat.
À 49 ans, David Fèvre est un combattant. Artisan boulanger depuis 25 ans — métier qui lui a été transmis par son père —, élu à la Chambre de métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine et à la Confédération des petites et moyennes entreprises du département, mais aussi président de l’association Boulangers sans frontières, il multiplie les casquettes. Pour ce chef d’entreprise qui œuvre tous les jours aux côtés de sa femme Angélique dans la boulangerie éponyme, au Tallud, dans les Deux-Sèvres, l’heure est grave. Il a lancé en janvier dernier un sondage sur Facebook. Objectif : recueillir le témoignage de boulangers au sujet de la dégradation de la situation de la profession en France. Et David Fèvre, qui compte 50 000 abonnés sur ses réseaux sociaux, n’a été que surpris ! En quelques heures, plus de 3 200 boulangers des quatre coins de la France ont répondu.
Le constat est sans appel : les boulangers vont mal. Manque de personnel, difficultés de recrutement, problèmes économiques, explosion des coûts, transmission compromise, santé mentale en berne : la liste est longue et les boulangers à bout de souffle. Une situation jugée « alarmante » par le professionnel. « Ils nous disent que leurs boulangeries font une bonne marge mais sans rentabilité à cause de toutes les taxes, de l’augmentation des salaires et du coût des matières premières. La plupart des boulangers se versent un revenu inférieur à mille euros par mois », évoque-t-il sans détour.
Une situation tendue entendue par le gouvernement
Sur les réseaux sociaux, le boulanger militant en appelle aux témoignages. En quelques jours, il reçoit des dizaines de lettres de boulangers en détresse ; et la machine s’emballe. La presse s’empare du sujet et son action arrive aux oreilles des politiques. Le 12 février dernier, le sujet entre à l’Assemblée nationale par la voix du député de la troisième circonscription des Deux-Sèvres, Jean-Marie Fiévet. Il questionne : « Face à leur détresse, quelles mesures le gouvernement envisage-t-il pour soutenir les artisans ? »
L’appel avait déjà été entendu par Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire. Le cabinet de cette dernière a accordé le 6 février dernier un entretien en visioconférence à David Fèvre et à ses confrères artisans. Proposition : lancer une mission flash pour dresser un état des lieux de la situation des boulangers et de leurs besoins. L’artisan attend même la ministre en personne au Tallud dans les semaines qui viennent.
Mais l’heure est aux actions concrètes selon David Fèvre. Parmi les mesures suggérées au gouvernement : la baisse de la TVA sur les produits faits maison, la création d’un logo Fait maison en boulangerie ou encore le gel de certains prix de matières premières.
En attendant, les professionnels poursuivent le combat. Et envisagent la mise en ligne d’un site internet pour fédérer et aider les artisans commerçants de France. Une petite pierre à un édifice fragile que ces militants du bon pain espèrent consolider pour les générations de boulangers à venir.